jeudi 3 août 2017

Conte de noël Alice


samedi 24 juin 2006

CONTE DE NOËL


Depuis plusieurs jours dans son pays ravagé le petit 
Mamadou ère sans but ne sachant où aller. Il ne sait d’ailleurs 
pas s’orienter. Se diriger dans la savane ou le désert cela s’apprend avec 
les parents et Mamadou n’a plus de parents, la guerre les a tués. La modeste 
construction de pisé qui les abritait n’est plus qu’une ruine, comme les 
autres habitations du village. Les maigres récoltes ont été 
écrasées par les chars, le marigot est souillé.
Mamadou a peur, Mamadou a faim. Pour subsister, rôdant tel une hyène 
affamée, il n’a trouvé que du mil mélangé de poussière, 
disputé aux insectes… Rien pour le protéger de la fournaise 
du jour. Devra-t-il cette nuit encore se coucher sur ces débris et supporter 
le froid de la nuit africaine ?
Alors, désemparé, Mamadou marche pour user le temps, pour faire 
quelque chose. Il est déjà loin de son village anéanti quand 
il aperçoit une grande tente avec un dessin rouge ; il ignore que la Croix 
Suisse est le symbole d’une aide internationale. Un instinct animal le fait se 
diriger vers cet abri. Enfant ignorant qui ne comprend pas les querelles des grands 
 ; il ne se demande pas s’il y a du danger pour lui ni si se sont des ennemis de 
sa tribu. Mamadou est fatigué, Mamadou a le ventre creux, il voudrait ne 
plus être seul.
Arrivé à la maison de toile, craintivement, avec une souplesse de 
félin, il se glisse à l’intérieur et regarde effrayé 
des gens de sa race allongés, couverts de pansements. Des hommes blancs 
s’affairent autour des lits de camp. L’un d’eux s’approche de lui : " - Tu 
es blessé ? Tu es malade ? " " -Non " répond l’enfant.
- " Alors ne reste pas ici, va-t-en ". Des larmes luisent sur la sombre 
frimousse. Une jeune femme qui assiste à la scène lance un regard 
désapprobateur à son collègue. " Vous n’allez pas renvoyer 
cet enfant, il vient peut-être pour chercher du secours pour ses parents 
 ? " La jolie dame l’attire vers elle, essuie ses petites joues noires et 
à travers les sanglots enfantins, il raconte sa triste histoire.
Marylène, infirmière de formation s’est consacrée aux œuvres 
humanitaires depuis son veuvage. De plus elle sait qu’elle ne pourra jamais combler 
son désir de maternité. Sa détresse personnelle comprend 
si bien celle de cet orphelin qui se serre contre elle. C’est le 25 décembre. 
Dans ce pays musulman dévasté par un conflit l’urgence et les souffrances 
font loi pour ces français qui ne fêterons pas Noël. Ce petit 
Jésus noir, elle l’aime déjà, dans son cœur il est un 
peu sien, c’est le ciel qui le lui envoie. Elle plaide pour lui auprès 
de ses supérieurs, mais ils ont vu tant de malheurs… Ils savent que 
malgré leur dévouement, ils ne pourront cicatriser toutes les plaies. 
Leurs réserves s’épuisent. " - On le nourrira aujourd’hui, 
c’est tout ce que l’on peut faire. "
Marylène se fait convaincante, elle partagera ses rations avec lui et la 
date de la Nativité ajoutant à son éloquence, l’enfant restera 
sous leur protection. Elle oublie sa fatigue, sa tâche harassante l’inconfort 
quotidien. Sa vie déjà dévouée aux autres prendra 
un sens plus précis avec cette petite tête crépue. Malgrè 
les difficultés Marylène va entreprendre les démarches pour 
ramener l’enfant en France et plus tard peut-être l’adopter. 

Vers le ciel, s’envole l’ange gardien de Mamadou, joyeux d’avoir rempli sa mission.

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Alice raconte son enfance